Tous les télétravailleurs ne sont pas des entrepreneurs. Pour une partie d’entre eux, il a fallu convaincre l’employeur d’accepter cette activité.
Dans son livre La Semaine de 4 Heures, Tim Ferriss donne des conseils pour convaincre son patron de vous laisser faire du télétravail… Mais, il reste assez léger sur le sujet.
J’ai décidé d’aller plus loin que lui en vous mâchant le travail. Ressortez les 9 arguments qui suivent à votre patron et il sera convaincu que le télétravail est positif pour vous, mais aussi pour lui.
Prouver que votre emploi est faisable en télétravail
Si personne ne fait de télétravail dans votre entreprise, votre souhait d’en faire sera davantage accueilli avec crainte qu’enthousiasme. Votre premier argument est donc de prouver que vos missions peuvent être effectuées en télétravail.
Autour de moi, j’ai de multiples profils qui bossent en télétravail : support informatique, commercial, chef de projet web, secrétaire…
Pour résumer, nous pouvons dire que tout emploi ne recevant pas de clients physiquement ou ne nécessitant pas l’usage d’un matériel uniquement présent sur le lieu de travail est adapté pour du télétravail.
Pour prouver la faisabilité de ce télétravail, discutez des conditions dans lesquelles vous serez à la maison (un vrai bureau, du calme, avec une bonne connexion internet, un téléphone disponible…).
Mettez également en avant que le télétravail ne réduira pas vos interactions avec vos collègues et supérieurs, mais les limitera à l’essentiel. Aujourd’hui, un mail bien structuré est plus efficace que beaucoup de discussions orales et si besoin, un appel ou un call via Skype est réalisable depuis n’importe où.
ASTUCE : en cas de refus, demandez pourquoi !
Rien n’oblige votre employeur à accepter votre demande et sa première réaction pourrait même être de refuser, avant de réellement réfléchir de nouveau à votre requête dans les jours qui suivent.
S’il refuse, demandez les raisons de ce véto. Comme elles sont généralement hasardeuses (ex : peur que vous ne fassiez pas les horaires, que l’esprit d’équipe disparaisse…), vous pourrez facilement les contrer.
Ne soyez pas trop insistant s’il dit non, et revenez plutôt à la charge dans les semaines suivantes.
Vous pourriez tenter de convaincre d’autres collègues de lui faire la demande ou lui présenter des exemples, trouvés sur le web ou dans les magazines, d’entreprises qui ont amélioré leurs résultats grâce au télétravail.
Commencer petit et sans engagement
Faites comme les opérateurs de téléphonie : commencez avec un petit forfait et un petit prix, avant d’augmenter au fur et à mesure la souscription !
Je m’explique. Si vous allez voir votre patron pour lui dire « Chef, je souhaiterais passer en télétravail à partir du mois prochain. Est-ce possible ? », il s’imagine tout de suite que vous allez quitter les locaux et devenir un employé fantôme.
Par contre, si vous arrivez pour le convaincre et faites preuve de précision « Chef, j’aimerais faire un jour de télétravail toutes les semaines, le vendredi de préférence, car j’ai remarqué que mes tâches de la journée s’y accommoderaient parfaitement et que personnellement, j’éviterais les énormes bouchons en rentrant à la maison. Bien sûr, cela est un test et si vous jugez que cela est contreproductif, nous pourrons stopper l’expérience. », votre demande paraît rassurante.
Vous signalez que ce souhait du télétravail est limité à une seule journée, que le changement est réversible, que vous savez déjà que votre travail peut être accompli sans accroche et entre nous, il serait bien vilain de vous forcer à perdre une heure sur la route !
Ensuite, après quelques mois durant lesquels vous avez prouvé que le télétravail était compatible avec votre emploi, demandez à faire davantage de télétravail. Si tout se passe pour le mieux, il n’y a pas de raison valable pour un refus.
ASTUCE : formalisez la chose par un avenant au contrat !
Quand le télétravail est envisagé de manière régulière, il est impératif de faire un avenant à votre contrat pour le signaler. Votre employeur se couvre ainsi juridiquement et auprès de son assurance.
De votre côté, cet avenant vous assure que le télétravail ne va pas sauter en cas de changement de supérieur, selon le bon vouloir de l’employeur et l’engage à prendre en charge une partie des dépenses liées à l’exercice du télétravail.
Le télétravail est primordial pour votre bien-être
Si vous êtes un salarié appliqué, compétent et positif, vous êtes une valeur ajoutée pour l’entreprise et aucun employeur n’aimerait vous perdre. Mieux, il sait que votre bien-être est important pour que vous continuez à garder ce niveau.
Argumentez votre demande de télétravail en disant que cela favoriserait votre bien-être. N’allez pas dire que vous pourriez garder le nouveau bébé plus facilement, car cela ferait craindre un manque de travail, mais ayez plutôt un discours sur le long terme.
Dites que l’idée est présente dans votre tête depuis des semaines, que vous avez mûrement réfléchi à comment améliorer votre confort durablement et que la pratique du télétravail semble être un maillon essentiel pour y parvenir.
Une condition sine qua non pour obtenir la concentration profonde
C’est l’argument clé qui m’a permis de passer en télétravail quelques jours par mois. Alors que je travaillais dans une agence web, il était difficile de travailler sur des tâches nécessitant une vraie concentration car il y avait toujours un collègue au téléphone.
Pour la rédaction de longs articles ou un audit de site internet, le télétravail offrait un cadre idéal pour mieux se concentrer.
Si vous avez des activités pour lesquelles la tranquillité améliore considérablement les résultats, l’argument de la concentration profonde est un must (et une vérité).
Un environnement calme pour télétravailler facilite grandement la concentration profonde.
Fixer un ultimatum : quitte ou double
Solution radicale à user dans certains cadres précis : l’ultimatum. Ne soyez pas agressif et ne mettez pas en otage votre employeur en lui disant : « Je veux faire du télétravail. Si vous refusez, je démissionne. ».
Soyez plus subtil. Vous pourriez faire votre demande avec une formulation proche de mes conseils en début d’article, puis dire que beaucoup d’entreprises concurrentes incluent désormais du télétravail et que cela est une marque de confiance envers les employés. Sans en faire trop, signifiez le fait qu’un tel changement améliorerait considérablement votre vie.
Un employé mal dans sa peau qui peut trouver son bonheur chez le concurrent, voilà un ultimatum caché qui ne mène pas au conflit !
Déménagez !
Pour raisons personnelles, j’ai choisi de déménager de Nantes à la Savoie. Sans être un ultimatum, mon employeur avait alors le choix entre perdre un salarié qui faisait bien son travail ou accepter du télétravail à plein temps. Comme il savait que j’étais sérieux et que mes quelques jours de télétravail effectués jusqu’à présent se passaient bien, il a donné son accord pour du télétravail permanent.
Depuis, j’ai quitté l’entreprise pour créer la mienne, mais il n’a pas regretté cette marque de confiance et j’ai apprécié collaborer, même à distance, avec lui.
Augmenter votre productivité
N’oubliez jamais que l’on convainc rarement une personne par empathie, mais en lui montrant par A + B les avantages qu’il retire du changement de situation.
Pour votre employeur, sa priorité est votre productivité. Le simple fait de montrer les bénéfices sur la qualité et la quantité de missions réalisées en télétravail est probablement le meilleur argument qui soit.
Dites que la diminution de la fatigue et du stress des trajets améliorera votre productivité. Soulignez aussi que la déconcentration est moindre à votre domicile que sur le lieu de travail.
N’hésitez pas à apporter des chiffres. Tout le monde aime les chiffres. Quelques semaines avant votre demande, notez sur un papier toutes les fois où vous êtes dérangé sur votre lieu de travail habituel (un collègue qui passe un appel, la femme de ménage qui vient dans votre bureau, un livreur qui s’arrête, des personnes qui parlent bruyamment dans le couloir…).
Faites les calculs. Vous les transformez en un argument comme : « J’ai compté le mois dernier sur ce papier toutes les pertes de temps subies à mon bureau. J’arrive à une moyenne de 8 arrêts par jour pour 40 minutes de déconcentration au total. Si vous ramenez cela par semaine, vous arrivez à 3h20, soit prêt de 10% de mon travail. Le télétravail éviterait cette perte.» Imparable, non ?
ASTUCE : ne proposez pas de travailler plus !
La plus grosse erreur dans votre argumentation est de dire que le temps gagné en évitant les trajets vous permettra de travailler davantage. En faisant cela, vous vous engagez oralement à faire plus d’heures que celles pour lesquelles vous êtes payé.
Toutes les fois où vous direz que vous n’avez pas eu le temps de terminer un dossier, la remarque tombera. Quand une nouvelle mission arrivera et que les collègues faisant du présentiel diront qu’ils sont surchargés, elle vous sera donnée…
Offrir des heures gratuites pourrait se retourner contre vous.
Permettre des horaires d’ouverture de l’entreprise plus larges
Si faire plus d’heures n’est pas un bon choix, décaler vos horaires peut être très bien reçu. En effet, pour une entreprise, une plus grande amplitude signifie une meilleure réactivité envers les clients ou des éventuels problèmes comme un serveur en panne.
Proposez que votre télétravail soit fait en décalage. Au lieu de faire 9h – 18h, faites du 10h – 19h. Et, pourquoi ne pas travailler le samedi plutôt que le lundi ?
Bien évidemment, cet argument est recevable pour une petite entreprise où vos changements d’horaire auront un impact et c’est à vous de juger s’il est opportun ou non, dans votre solution.
Économiser sur les frais de bouche et kilométriques
L’argument financier est toujours parlant. Si votre employeur vous paie des frais kilométriques ou des frais de bouche, le télétravail devient très intéressant financièrement. C’est un atout indéniable pour le convaincre !
Mais, si autant d’entreprises font désormais du télétravail, c’est en grande partie parce que les avantages financiers vont bien plus loin. Non présent, vous ne consommez pas l’électricité, la climatisation… Mieux, s’il y a moins d’employés présents, les bureaux n’ont pas besoin d’être aussi grands et le loyer mensuel peut diminuer en déménageant.
Montrez-lui des exemples d’entreprises qui vantent le télétravail pour ces raisons. Matt Mullenweg, fondateur d’Automattic (entreprise dans le web avec 940 employés), a quitté son onéreux siège social car « Nous avions un bon loyer mais personne ne venait. ».
Servir de test pour l’entreprise
Devenez un cobaye ! Si votre patron a déjà réfléchi au télétravail sans oser en proposer réellement, votre expérience lui sert de test. C’est bénéfique pour tout le monde.
Vous pouvez vous engager à lui rapporter honnêtement tous les avantages et inconvénients de cette forme de travail, les éventuels manques en termes de matériels, les retours des clients ou leur absence à la suite de ce changement…
S’il se montre ouvert à ce sujet, n’hésitez pas à le faire rêver un peu en lui disant que la possibilité de télétravail, indiquée sur une offre d’emploi, séduit beaucoup de candidats et que son développement pourrait également être positif au bien-être de tous les employés.
Vous avez désormais quelques clés pour aller parler à votre patron. Choisissez maintenant le bon moment et tentez !
Passionné de web, SEO, d’entrepreneuriat et d’organisation, je partage avec vous sur ce blog conseils et réflexions.
DENIS REPERANT, Editeur de sites web